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Faucherie, notre malheur est complet, et le danger est plus terrible que je ne pensais.

Véronique releva la tête.— Rassurez-vous, madame, je suis forte, je lutterai et je ne succomberai pas.

Madame La Faucherie la regarda d’un air de doute.— Souvenez-vous, répondit-elle, que vous avez vingt ans, que vous êtes aimante et que vous êtes aimée… Si vous êtes assez forte pour ne pas faiblir aujourd’hui, le serez-vous encore demain ?… En prononçant votre séparation, les juges vous ont-ils pourvue d’un talisman qui préserve de l’amour ?… Ma pauvre enfant, leur sentence vous a exposée aux dangers de la liberté, sans vous rendre, la libre disposition de vous-même.

— Je le sais ! répliqua fièrement Véronique, je me le suis dit dès le premier jour, et j’ai juré de montrer au monde que, même dans le chemin périlleux où je suis, on peut marcher droit et tête haute…

Sa taille semblait avoir grandi, ses yeux brillaient, et sa voix était vibrante ; il y avait dans toute sa personne un élan énergique et enthousiaste. Les paroles et les caresses maternelles de madame La Faucherie, le souvenir de Gérard évoqué à chaque instant avaient exalté en