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de Véronique faisait éclater, pièce à pièce, les cloisons mesquines et les préjugés bourgeois qui avaient un moment emprisonné son esprit.

— Et pourquoi n’épouseriez-vous pas Gérard ?… reprit-elle tout à coup avec un accent où vibrait tout son orgueil de mère, pourquoi ne seriez-vous pas sa femme ? Est-ce moi qui vous fais peur, et ne voulez-vous pas être ma fille ?…

Elle serra Véronique dans ses bras et la baisa au front, mais la jeune femme, frissonnante, s’arracha brusquement à cette étreinte.

— Non, non ! s’écria-t-elle avec une expression déchirante, c’est impossible !

— Impossible ?… dit la mère de Gérard en la regardant surprise, impossible, et pourquoi ?

— Je ne suis pas libre, répondit Véronique d’une voix sourde, mon mari existe, et nous sommes séparés judiciairement.— Elle s’arrêta un moment, puis, d’un ton plus ferme, elle ajouta : — Ceci suffit pour expliquer mon refus, dispensez-moi d’entrer dans des détails qui me font mal.

Les deux femmes se regardèrent un instant, silencieuses et accablées, l’une par l’aveu qu’elle venait de faire, l’autre par la chute de sa dernière espérance.— Ah ! dit enfin madame La