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Pour toute réponse, Véronique secoua la tête et redoubla ses baisers.

Sous la chaude influence de ces caresses, madame La Faucherie sentit s’évanouir ses préventions. Elle était entrée chez Véronique le cœur plein de rancune et de froideur ; elle avait compté sur un accueil hautain et hostile. Elle se trouvait prise au dépourvu par cette effusion si franche et si inattendue, et se voyait désarmée avant même d’avoir combattu. Bientôt elle répondit elle-même aux caresses par des caresses. En sentant dans ses bras palpiter cette jeune poitrine, et sur sa bouche se presser ces lèvres filiales, elle songeait que ce qu’elle avait surtout désiré, c’était une bru aimante et dévouée, capable de faire le bonheur de Gérard sans lui ravir, à elle, sa part de maternelle affection… Toutes ces choses, Véronique ne les lui donnerait-elle pas mieux qu’Adeline ?… Adeline, il est vrai, était riche, et la position de Véronique était peut-être plus que modeste… Mais Gérard avait une fortune suffisante, et d’ailleurs il aimait cette jeune femme. N’était-ce point la plus essentielle condition du bonheur ! — Insensiblement madame La Faucherie redevenait ce qu’elle avait été autrefois, une âme noble, généreuse, élevée. On eût dit que chacun des baisers