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murmura madame La Faucherie, et ses larmes coulèrent abondamment.

En la voyant pleurer, Véronique se sentit prise d’une soudaine tendresse ; elle se jeta à ses genoux, et baisa passionnément ses deux mains.

— Pardonnez-moi ! s’écria-t-elle.— Madame La Faucherie très émue l’attira doucement vers elle, et la jeune femme se précipitant à son cou la couvrit de caresses. Toutes les glaces de sa réserve et de sa défiance étaient fondues. Elle mettait dans l’expansion de sa tendresse la passion qu’elle sentait pour Gérard, et qu’elle avait comprimée dans son sein. Elle donnait à la mère tout ce qu’elle s’était promis de refuser au fils. Elle baisait, avec une ivresse délicieuse, les yeux humides et les doux cheveux blancs de madame La Faucherie ; elle confondait dans ses embrassements son respect et son amour, et elle s’y oubliait.— Pardonnez-moi ! répétait-elle d’une voix suppliante, dites-moi ce qu’il faut faire pour tout réparer, et je le ferai.

— Hélas ! soupirait la mère, je crains que le mal ne soit sans remède… Il vous aime trop !

— Quand il ne me verra plus, il m’oubliera.

— Vous ne l’aimez donc pas, vous ?