Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/278

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’avenir de Gérard… Je l’aime tant ! continua-t-elle avec un accent où l’on devinait toute l’exaltation de son amour, il ne m’a jamais quittée, je l’ai suivi partout. Je ne demandais que deux choses à Dieu : le voir marié, et n’être séparé de lui que par la mort ! — Devenant alors plus expansive à mesure qu’elle s’attendrissait, elle se mit à parler longuement de son fils ; elle dit comment elle l’avait élevé, avec quelle jalouse inquiétude elle avait veillé sur lui au Doyenné, avec quelle émotion elle avait assisté à l’éclosion de cet amour, qu’elle croyait inspiré par Adeline… Elle se trouvait trop heureuse dans ce temps-là, elle songeait déjà au ménage de Gérard, à la maison pleine d’enfants, à ses calmes joies d’aïeule !…

Véronique s’était rapprochée, et lui tenant encore les mains, semblait suspendue à ses lèvres, tant elle était attentive. Elle écoutait avec un mélange de joie et une douleur aiguë ces révélations intimes sur celui à qui son cœur appartenait maintenant tout entier ; elle savourait avec une jouissance indicible cette dernière satisfaction qui consiste à entendre parler d’un être aimé qu’on ne reverra plus.

— Maintenant tous mes rêves ont fait naufrage,