Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/277

Cette page n’a pas encore été corrigée

survenu quelque cruelle méprise, ce n’est pas lui qu’il faut accuser…

— Ni vous-même sans doute ! interrompit sévèrement madame La Faucherie.

— Ni moi, répondit-elle avec fierté… Quand j’ai vu qu’il s’abusait, j’ai fait ce que je devais pour le détromper.

— Ah ! s’écria madame La Faucherie emportée par sa passion maternelle, pourquoi vous a-t-il rencontrée ?… Tout mon bonheur est détruit par ce funeste amour !…

Véronique se leva. Sa souffrance intérieure se révélait par la rougeur de ses joues et le gonflement de sa poitrine.— Madame, fit-elle d’un ton de reproche, vous m’aviez prévenue que vos paroles seraient étranges, mais vous ne m’aviez pas dit qu’elles seraient blessantes…

Madame La Faucherie, en voyant les traits bouleversés de la jeune femme, sentit combien elle avait été cruelle ; son cœur se serra et ses beaux yeux bleus devinrent humides.— Pardonnez-moi ! s’écria-t-elle en prenant les mains de Véronique ; la douleur de voir mes rêves déçus a donné à mes paroles une amertume qui n’est pas dans mon cœur… J’avais mis toutes mes espérances dans ce projet de mariage ; j’y voyais la joie de ma vieillesse, le bonheur et