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examina curieusement ce ruban et ces petites fleurs bleues. C’étaient des véroniques sauvages, et elle se souvint d’avoir vu la nièce de madame Obligitte porter des rubans pareils à celui qui était là… Aussitôt un éclair traversa son esprit et tout lui fut expliqué.— Ah ! le malheureux enfant, s’écria-t-elle, voilà le secret de sa tristesse…

En découvrant la passion de son fils pour Véronique, madame La Faucherie fut prise d’un amer découragement. Depuis deux mois, le mariage qu’elle projetait pour Gérard avait été l’occupation de ses jours et de ses nuits. Le succès de ce projet eût comblé tous ses désirs. Maintes fois déjà, en imagination, elle s’était représenté le jeune ménage établi au Doyenné : Gérard aimé de sa femme, heureux dans son intérieur, influent dans le pays… Afin de tout mener à bien, elle n’avait épargné ni peine, ni démarches, ni précautions adroites. Elle avait réussi à forcer la porte inhospitalière de la maison Obligitte et à y introduire Gérard ; elle avait cru donner à cette union, longtemps préparée, les couleurs séduisantes d’un mariage d’inclination, et au moment où, près du but, elle triomphait déjà, voilà que toutes ses précautions et son adresse tournaient contre elle ; l’échafaudage