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confiance en moi ?… Voyons, Gérard, tu aimes Adeline Obligitte ?

Il releva la tête, et répondit d’une voix ferme : — Non, ma mère.— Et comme elle le regardait d’un air stupéfait, les yeux plongés dans ses yeux, il répéta : — Non, je n’ai jamais songé à mademoiselle Adeline, je ne l’aime pas, et afin que ma conduite n’ait plus rien d’équivoque, je suis décidé à ne plus retourner chez madame Obligitte…

Il se leva et ajouta : — Si vous m’aviez parlé plus tôt de vos projets, ma mère, je vous aurais détournée d’une tentative qui ne devait aboutir à rien de bon.— Il s’arrêta, sentant que, malgré lui, il avait mis un accent de reproche dans ses paroles, et tout confus de l’amertume de sa réponse, il courut embrasser sa mère dont les yeux s’emplissaient de larmes.

— Mais tu souffres, répéta madame La Faucherie, je le vois bien ; dis-moi au moins la cause de ton mal !…

— A quoi bon ? fit-il, vous ne pourriez rien pour le guérir.

Il sortit. Sa mère resta seule, désolée et portant dans son cœur les débris de son rêve brisé. Elle essayait encore par moments de se faire illusion et de croire à quelque dépit amoureux