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Gaspard bondit d’indignation.

— Moi, donner un lièvre à ce pince-maille ! Je préférerais le jeter à la gueule de Phanor !… Pour qui me prends-tu ? Est-ce qu’un Mauprié se couche à plat ventre devant un héritage ?… Tu sais le dicton : « Gueux et fier comme un verrier ! » Mon père l’était, et bon chien chasse de race. J’aimerais mieux crever dans un fossé que de mendier les bonnes grâces d’un croquant qui s’est enrichi en tondant ses moutons et ses débiteurs, et qui aujourd’hui encore trouverait à tondre sur un œuf… Assez sur ce chapitre, ne m’en parle plus et sers-nous à souper !

Le couvert était mis et la soupe au lait, préparée par Honorine, fumait dans la soupière. Ils s’assirent tous autour de la table couverte d’une toile cirée. Madame de Mauprié dit à haute voix le Bénédicité, que Gaspard et Xavier écoutèrent debout, puis on n’entendit plus qu’un bruit de cuillers et de vaisselle.

Le souper était abondant, et on sentait que le bien vivre était le seul luxe auquel les Mauprié n’avaient pas renoncé.— Un pâté de lièvre dans sa terrine, un jambonneau dans sa gelée, une salade de mâches et un fromage du pays composaient le menu. Gaspard et sa mère l’arrosaient d’un petit vin du Verdunois ; Xavier