Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/269

Cette page n’a pas encore été corrigée

mariage, et maintenant elle suivait, avec un intérêt mélancolique, ses progrès sur cette route qui l’éloignait d’elle ; son cœur de mère était partagé entre deux affections rivales, et, bien qu’elle eût prévu ce déchirement, elle en souffrait. Seulement elle essayait de se consoler en songeant que Gérard lui devrait son bonheur avec Adeline. La tristesse de son fils n’alarma d’abord que très peu sa tendresse ; elle l’attribuait à quelque rigueur capricieuse de la jeune fille.— Ce sont bouderies d’amoureux, se disait-elle, et cela passera comme les giboulées de mars.— Mais quand, le lendemain, au lieu de partir pour Saint-Gengoult, Gérard, plus sombre encore, resta au logis, elle commença à s’inquiéter. Le dîner fut silencieux, et vers la fin du repas, madame La Faucherie crut voir une larme dans les yeux de son fils.— Allons, pensa-t-elle, il est temps de parler et de lui demander ses confidences.— Elle s’assit près de lui, et prit ses mains dans les siennes : — Tu es triste, dit-elle, es-tu malade ?

Gérard essaya un geste de dénégation, mais elle sourit d’un air incrédule et reprit : — Si fait, tu souffres… N’as-tu pas la permission de conter tes douleurs à ta mère, ou n’as-tu plus