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par une allée transversale et disparut derrière les massifs.

Quand elle fut certaine qu’il ne la suivait pas, elle s’arrêta. Elle l’entendit bientôt remonter vers la maison, puis la porte du logis retomba sur lui… Alors elle se dit qu’il s’en allait désolé, humilié, souffrant, et tout son cœur se déchira.— En elle, l’amour saignant et meurtri protestait. Elle courut à la terrasse pour entendre encore le bruit mourant de son pas dans la rue déserte qui descendait vers le faubourg ; intérieurement elle lui criait de toutes les forces de son âme : « Reviens ! J’ai menti et je n’aime que toi !.. » Puis soudain elle reculait effrayée ; il lui semblait que son être se dédoublait et qu’à ses côtés une voix rude murmurait : — Souffre et tais-toi… Tu ne dois pas l’aimer. Dans ta vie il n’y a plus de place pour l’amour…

Elle restait immobile et comme pétrifiée, et pendant ce temps la chanson des Trimazeaux arrivait jusqu’à elle, apportée par le vent de la nuit de mai :

En passant emmi les champs, J’ai trouvé les blés si grands ; Les avoines vont se levant, Les aubépines fleurissant… Trimazeaux, C’est le mai, le joli mois de mai.