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que jamais rien dans ma conduite n’a pu vous autoriser à m’adresser des paroles qui m’offensent… Adieu !

Il lui saisit la main et d’un ton suppliant lui demanda pardon de son audace, puis il protesta de son respect, et, la retenant toujours, il la força d’écouter l’histoire de son amour. Il lui dit comment il l’avait vue pour la première fois, comme il s’était senti attiré vers elle dès ce premier soir, comme son affection pour elle avait grandi jour par jour, tellement qu’il lui était maintenant impossible de la briser.— Véronique était devenue pensive ; il la crut ébranlée.— Laissez-moi être votre ami ! ajouta-t-il en finissant.

Elle secoua vivement la tête, et retirant sa main : — Je n’ai pas le droit d’avoir un ami, dit-elle durement, partez et ne revenez plus.

— Et si je ne vous écoute pas, s’écria-t-il avec emportement, si je vous force à subir ma présence !

— Je ne la subirai pas, répondit-elle, j’en jure par le ciel que voici !… Je fuirai la maison de ma tante, et c’est vous qui l’aurez voulu.

— Ainsi vous ne m’aimez pas ? fit-il désespéré.

Elle rassembla toute son énergie, et le regarda en face : — Non, dit-elle ; puis elle s’éloigna