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— Dieu, que vous êtes sentimentale ! dit Adeline en riant aux éclats… M. Gérard ne me déplaît pas, c’est un parti très distingué, comme dit maman… Et puis, le Doyenné est une habitation confortable ; la ville est à deux pas, et on a une voiture à deux chevaux… J’ai toujours rêvé de brûler le pavé de Saint-Gengoult dans une calèche bien suspendue… Vous verrez comme je mettrai la maison sur un bon pied, quand je m’appellerai madame La Faucherie ! — Et tout en babillant, elle passait et repassait devant la glace, ajustant les plis de sa jupe, relevant sa tête blonde et prenant des airs, puis elle fit une longue glissade en chantant un menuet.

— Ainsi, répéta Véronique, étourdie par tant de légèreté, vous croyez qu’on peut se marier sans aimer son mari ?

— Mais ma chère, cela se voit tous les jours ; et vous, par exemple…

— Ne parlons pas de moi !… interrompit brusquement la jeune femme ; mais que diriez-vous si M. La Faucherie partageait vos idées ?

Adeline eut un long sourire d’incrédulité.— Oh ! quant à lui, c’est différent… S’il est venu ici, c’est que probablement quelqu’un l’y attirait.