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jeune homme relevait vers elle son front large, encadré de cheveux noirs, et semblait l’interroger des yeux, elle échangeait volontiers avec lui un regard amical. Elle devinait, à certaines paroles, qu’elle avait en lui un allié, que leurs pensées avaient suivi souvent la même pente, et que leurs aspirations avaient pris parfois le même vol… Et cet échange de regards affectueux, cette communauté de sentiments et de sensations donnaient à sa vie un intérêt nouveau.

— Que pensez-vous de M. La Faucherie ? lui demanda un jour Adeline, et elle ajouta, sans attendre sa réponse : — Moi, je ne le trouve guère aimable ; c’est un sauvage… Avez-vous remarqué comme il noue mal sa cravate ?

— Non… ainsi il vous déplaît ?

— Lui ?… Oh ! mon Dieu, pas plus qu’un autre… A propos, continua-t-elle avec une pointe d’ironie, dites-moi, vous qui êtes dans le secret, à quelle époque compte-t-on nous marier ? — Et comme Véronique faisait un geste d’étonnement : — Croyez-vous, poursuivit Adeline, que je n’aie rien compris aux airs mystérieux de mon père ?… J’ai écouté aux portes et je sais tout.

— Vous épouseriez donc M. La Faucherie sans l’aimer ?