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son fils.— Très jolie, répondit laconiquement Gérard.— Il paraissait, lui aussi, très préoccupé, et sa mère ne crut pas devoir pousser ses questions plus avant. Fidèle à son système d’abstention, elle ne voulait pas que Gérard se crût influencé.— Il sera plus heureux, se disait-elle, s’il pense avoir seul gagné la main d’Adeline.— Elle était décidée à se taire et à laisser agir ses deux complices : la jeunesse et l’amour.

A partir de ce jour, Gérard, en effet, passa de longues heures au milieu de la famille Obligitte. L’introduction de ce visiteur inattendu faisait circuler un peu de vie et de gaieté dans le maussade logis de la place Verte, et Véronique fut toute surprise de trouver à la vieille maison un air de fête et de renouveau qu’elle ne lui avait jamais vu. Insensiblement elle se fit une douce habitude de cette visite qui revenait presque à heure fixe. Il y eut un moment dans la journée où elle consulta la pendule avec une certaine impatience et où le bruit du marteau, retombant sur la grand’porte et réveillant un sonore écho dans le long vestibule, ne fut plus accueilli avec une indifférence résignée. Elle reconnaissait Gérard à sa manière de frapper et au bruit de son pas dans le corridor. Lorsqu’il entrait dans le salon sombre et enfumé, un rayon