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voix décidée, je n’aimerais pas cette vie de sauvage, et une chaumière au fond des bois ne serait pas mon rêve.

Véronique fit un mouvement brusque, et sa tête sortit de l’ombre. Gérard vit tout à coup ses deux beaux yeux briller plus près de lui.— Et vous, madame ? lui demanda-t-il.

— Oh ! moi, répondit-elle, je suis accoutumée à la solitude, elle ne m’effraye pas. Tout enfant, l’un de mes rêves était de vivre seule dans une cabane de pêcheur, au bord de la mer…

Au son de cette voix grave et mélodieuse, Gérard releva vivement la tête, et, pour la première fois, contempla à loisir la pâle figure de Véronique. Il fut surtout frappé de l’expression de ses yeux, profonds et colorés comme la mer dont elle parlait…

— Aujourd’hui encore, continua-t-elle mon plus grand désir serait de revoir la mer. Quand je ferme les yeux, c’est toujours elle que j’aperçois dans le fond de mes rêves ; tantôt elle est claire et calme, tantôt sombre et grosse d’orage, — et toujours je me retrouve dans ma petite cabane de pêcheur, seule, écoutant les vagues qui retombent sur les galets, et regardant tourner la lumière d’un phare…