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Saint-Gengoult ; sa conversation sérieuse, sa figure ouverte, son regard expressif, tout en lui renversait l’image formée dans l’esprit prévenu de la jeune femme. A mesure qu’il parlait, sa nature enthousiaste se révélait, et Véronique l’écoutait avec un intérêt croissant. Son rire d’enfant la charmait ; elle admirait cette fraîcheur d’âme, cette poésie native dont nul souffle mauvais n’avait encore enlevé la fleur.— Pendant ce temps, le feu crépitait dans l’âtre ; développés par la chaleur, les parfums des plantes printanières imprégnaient l’air tiède du salon ; au dehors, on entendait le murmure du vent d’avril dans les tilleuls des jardins… Peu à peu la jeune femme se sentit ranimée et rassurée. Il se faisait en elle un travail semblable à celui de la sève dans les arbres. Quelque chose la poussait à rompre le silence, à se mêler à l’entretien, à montrer à Gérard que dans cette maison Obligitte il y avait une âme qui sympathisait avec la sienne et dépassait le vulgaire niveau de l’esprit d’Adeline.

Celle-ci prêtait aux discours du jeune homme une oreille distraite, et parfois jetait, à tort et à travers, quelques réflexions bien positives, qui tombaient comme une eau glacée sur l’enthousiasme de Gérard.— Moi, dit-elle d’une