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l’ombre des meubles, tant sa toilette était sombre. C’était vers elle qu’allait tout son intérêt : il lui en voulait de se maintenir dans cette ombre et de se dérober ainsi aux regards et à la conversation.— L’entretien était tombé sur le Doyenné :

— Ce doit être délicieux dans la belle saison, dit Adeline, mais en hiver !… La maison est si seule au milieu des bois !… A votre place, je mourrais de peur.

— Oh ! répondit Gérard en riant, nos bois sont sûrs, et les bûcherons sont les plus honnêtes gens du monde…

Alors il se mit à plaider la cause du Doyenné. Excité par les objections de la jeune fille, il perdit peu à peu sa timidité, et laissa voir son amour pour les solitudes de l’Argonne. Il vanta sa vieille maison aux murs vêtus de lierre, aux larges pièces lambrissées de chêne ; le plaisir d’entendre, le soir, la chanson du vent dans les sapins de l’avenue ; la joie, au printemps, d’ouvrir ses fenêtres et de voir, au loin, les masses verdoyantes de la forêt onduler dans la rosée… Blottie dans son coin, Véronique écoutait, à la fois surprise et satisfaite de trouver Gérard si différent de ce qu’elle avait pensé. Elle l’avait cru pareil aux gentillâtres campagnards de