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devenue positive ; elle plaçait maintenant assez volontiers l’idéal du bonheur dans ce qu’on appelle un beau mariage. De nos jours, cette chimère du mariage riche, où l’amour figure à peine comme accessoire, est le rêve de presque toutes les mères, et cette ardente préoccupation est en train de tarir dans la bourgeoisie française la sève généreuse qui fit sa force et sa grandeur en 1789.— Madame La Faucherie elle-même avait subi l’influence de son temps ; elle s’était vouée à la recherche d’un beau parti, et en ce moment il lui semblait voir, comme dans le lointain d’une longue avenue, l’idéal tant poursuivi se dresser enfin au seuil de la maison Obligitte.

Elle était allée aux renseignements, et elle était revenue satisfaite. La famille était bien posée et la fortune bien assise. Les Obligitte ne dépensaient pas leur revenu ; ils vivaient honorablement, mais d’une façon très retirée dans leur maison de la place Verte, avec leur fille Adeline et une nièce, nommée Véronique. Cette nièce un peu mystérieuse inquiétait seule madame La Faucherie. Elle n’habitait Saint-Gengoult que depuis un an, et sa brusque installation dans la maison de son oncle avait vivement excité la curiosité de la petite ville, sans la