Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/232

Cette page n’a pas encore été corrigée

puis elle reparut près d’une vieille maison à toit d’ardoise, et Gérard reconnut le logis d’un riche marchand de bois appelé M. Obligitte. Au bruit que fit le marteau, la porte massive s’entrebâilla, puis se ferma de nouveau avec un sourd murmure… L’apparition s’était évanouie. Le chasseur passa deux fois devant la maison, mais il ne put rien apercevoir ; tout était hermétiquement clos. Il n’osa pas stationner plus longtemps sur cette place où sa présence ne pouvait manquer de faire jaser, et prenant une rue détournée, il regagna la campagne.

Gérard La Faucherie demeurait au Doyenné, à une lieue de la ville, et il faisait nuit quand il entra dans l’avenue de sapins qui précédait sa maison. Il trouva sa mère qui l’attendait impatiemment.— Comme tu reviens tard ! dit madame La Faucherie en l’embrassant, j’étais déjà inquiète et je n’ai pas voulu dîner sans toi…

Madame La Faucherie était veuve, et Gérard était son unique enfant. Elle l’avait eu dix ans seulement avant la mort du commandant La Faucherie. Elle l’aimait d’une tendresse passionnée, exclusive, et n’avait jamais voulu se séparer de lui. Quand son fils était arrivé à l’âge où commencent d’ordinaire les études classiques, elle n’avait pu se décider à l’enfermer