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suivit des yeux l’inconnue jusqu’à la sortie du bois. Elle passa près d’une vieille femme occupée à couper de la bruyère, lui parla un moment et disparut derrière les arbres. Le jeune homme paraissait piqué et intrigué à la fois par cette retraite rapide. Il descendit et courut à la cueilleuse de bruyères… Celle-ci tressauta, tout effarée, et reconnaissant le chasseur : — Bon Dieu ! dit-elle, monsieur La Faucherie, vous m’avez fait peur ; j’ai cru que c’était le garde ! — Il la questionna sur la personne qui venait de passer et apprit qu’elle habitait Saint-Gengoult, et qu’elle se nommait madame Véronique… La vieille n’en savait pas davantage, et Gérard La Faucherie la quitta pour prendre à son tour la route de Saint-Gengoult. Il marchait d’un bon pas, cherchant à distinguer l’inconnue à travers les premières brumes du crépuscule. Quand il put l’apercevoir de nouveau, elle commençait à gravir l’une des rues escarpées de la petite ville. Ils arrivèrent ainsi à la place Verte.— L’endroit est bien nommé, car le quartier est solitaire et l’herbe pousse si drue autour des pavés, que la place a l’air d’une pelouse.— La jeune femme s’engagea sous une double rangée de tilleuls rabougris, bordant la ligne mélancolique des façades noircies par les vents pluvieux,