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— Ce n’est pas de la finesse, c’est du cœur ! répondit Gertrude blessée, et en même temps des larmes roulèrent dans ses yeux.

Xavier la regarda d’un air ému et charmé à la fois.

— Gertrude a raison, dit-il enfin d’une voix sourde, et j’aurais fait comme elle.

Gaspard le toisa des pieds à la tête.

— Silence, morveux, lui cria-t-il ; quand on a du cœur, on reste fier ; il n’y a que les âmes basses qui pardonnent les injures !

— Gertrude, dit froidement la veuve en enfonçant une de ses aiguilles dans ses cheveux gris, la sensibilité ne doit jamais faire oublier la dignité ; ton oncle t’a repoussée et nous t’avons accueillie, malgré nos ressources bornées. En insistant comme tu le fais, tu as l’air de ne pas t’en souvenir.

— Ma tante, ne le croyez pas ! s’écria Gertrude, et, s’agenouillant près de la veuve, elle lui baisa les mains.— Vous avez été bonne pour moi, et mon cœur vous en remercie tout bas à chaque instant. En disant ces mots elle voulut passer ses bras autour du cou de sa tante, et répandre au dehors l’émotion qui gonflait sa poitrine, mais d’un geste, madame de Mauprié écarta les mains de la jeune fille.