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de me rencontrer avec cette malheureuse fille ; mais il s’agit de la dignité de la famille… Pour l’honneur du nom et le respect de la mémoire de mon frère, il est convenable que j’assiste à cette cérémonie… Seulement, j’y assisterai seule.

Gaspard n’objecta rien ; mais la moue d’Honorine et de Reine sembla indiquer qu’elles se repentaient déjà de s’être prononcées d’une façon aussi prompte et aussi absolue.

La veille du 15 mai, Gaspard resta muet toute la soirée. Il avait l’air absorbé, et il tourmentait sa barbe comme s’il eût voulu en faire sortir l’idée qui le tracassait. Le lendemain, après le déjeuner, il annonça très haut qu’il partait en forêt, et sortit en sifflant Phanor. Madame de Mauprié alla faire un peu de toilette, et les deux sœurs restèrent seules dans la salle. Honorine, penchée à la fenêtre, regardait Gaspard s’éloigner.

— Hum ! dit-elle à Reine, mon frère s’est fait bien beau pour courir les bois !… Il a mis son feutre neuf, et ses bottes sont cirées.

L’aîné des Mauprié semblait en effet avoir mieux soigné sa tenue que de coutume. Sa veste avait été brossée, et il avait peigné sa barbe. Quand il fut dans la campagne, il fit un brusque