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assez de calme pour reprendre son travail, ni assez de force pour quitter Lachalade, il restait oisif, se desséchait de tristesse, et vaguait çà et là comme une âme en peine.

Quelques jours avant le 15 mai, le notaire lui envoya, ainsi qu’à madame de Mauprié, une lettre indiquant le jour et l’heure de l’ouverture du testament, et les invitant à assister à cette formalité. Quand madame de Mauprié eut fini de lire cette lettre, elle déposa ses lunettes et coula un regard interrogatif du côté de Gaspard, qui fumait, les pieds sur les chenets.

— C’est pour le 15, dit-elle, à midi… On se réunit à l’Abbatiale.

— Je n’y mettrai pas les pieds ! s’écria Gaspard entre deux bouffées, et si vous êtes sages, vous ferez comme moi.

— Je suis de l’avis de mon frère, ajouta Honorine. Si nous sommes avantagés par le testament, on nous en préviendra, et si nous sommes déshérités, nous n’aurons pas du moins à subir les grands airs de mademoiselle Gertrude.

— D’ailleurs, fit Reine en rougissant, après la faute commise par notre cousine, nous ne pouvons plus avoir de rapports avec elle.

— Certes, reprit la veuve en poussant un soupir, si je n’écoutais que mes sentiments, je refuserais