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Le petit notaire la regarda avec ses yeux perçants.

— Mademoiselle, répondit-il, mes fonctions m’ont appris depuis longtemps à ne rien croire que preuves en main… Dans les jugements humains, il y a une bonne moitié qui est fausse, et une autre moitié qui est contestable… Voilà mon opinion.

— Messieurs, poursuivit Gertrude, je ne puis vous dire dans quelles circonstances cet enfant m’a été confié, mais je vous affirme que le public se trompe.

Son livre d’Heures était posé sur la table ; elle étendit la main sur les pages ouvertes et reprit :

— Par les saints Évangiles et le nom de mon père, je vous jure que je ne suis pas la mère de cet enfant !

Ils la regardaient d’un air à la fois surpris et subjugué. Tous deux avaient été remués par l’accent de sincérité de ses paroles et par l’éloquence puissante de sa beauté : ils s’inclinèrent silencieusement. Gertrude alors les remercia d’être venus, et après quelques minutes ils se retirèrent.

Quand elle fut seule, elle prit l’enfant des bras de la nourrice et le baisa au front.