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mortes craquaient sous ses pieds ; il brisait les ronces tendues d’arbre en arbre, il heurtait le tronc des bouleaux endormis dans la brume et se déchirait les mains aux buissons de houx. Rien ne ralentissait sa marche, il aurait voulu ne s’arrêter jamais. Le taillis fit place à la futaie ; les grands hêtres dressèrent autour de lui leurs longues files de piliers gris et silencieux ; leurs ramures, décharnées par le vent du nord, s’étendirent comme une voûte au-dessus de sa tête. Il s’enfonça dans cette ombre, espérant n’en jamais voir la fin. La futaie avait l’aspect désolé que donnent aux bois les journées pluvieuses de l’hiver : un sol jonché de feuilles mortes, des cimes noyées dans le brouillard, pas une herbe, pas un oiseau… Il allait toujours, glissant le long des ravins, franchissant les ruisseaux grossis par les pluies ; rien ne le lassait.

— Plus loin ! plus loin ! se disait-il.

Il finit par atteindre la lisière de la futaie, et aperçut devant lui un plateau nu, solitaire, horriblement triste. Tout à coup les branches d’un roncier s’écartèrent, et Xavier vit bondir dans la bruyère un chevreuil que le bruit de ses pas avait effrayé. Il fut pris d’une sorte de vertige :

— Hallo ! s’écria-t-il avec un rire sauvage. Moi aussi, je veux devenir chasseur !