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dans mon cœur ?… Je vous en conjure au nom de notre amour, au nom de votre père, répondez-moi afin que je puisse vous défendre !…

— Chacune de vos paroles est une nouvelle offense, répondit-elle, nous ne pouvons pas nous comprendre… Adieu !

— Vous l’avez voulu ! murmura Xavier profondément blessé, eh bien ! soit !… Adieu pour toujours !

Il s’élança dehors et bientôt elle entendit son pas s’éloigner et s’affaiblir. Alors la douleur de Gertrude, violemment contenue par son orgueilleuse volonté, put faire explosion. Elle tomba à genoux, sa poitrine se dégonfla, les larmes qui l’étouffaient commencèrent à jaillir, et bientôt ses joues furent inondées. Elle se disait que tout était fini… Dans les jours ternes et tristes de sa jeunesse, le seul coin de ciel bleu, le seul rayon de soleil était l’amour de Xavier, et voilà que les nuages s’épaississaient et que le coin d’azur disparaissait pour toujours. Un vent mortel venait de souffler sur ses rêves ; l’avenir ne lui apparaissait plus que comme une plaine nue, désolée et glaciale, et elle avait froid au cœur. Le souvenir cuisant de ce qui venait de se passer faisait frémir tout son corps. Elle se