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maison de son aïeul ; qu’après tout cette maison était la sienne, et qu’il avait le droit d’y être bien accueilli… Elle le prit donc courageusement et tendrement dans ses bras, et comme il s’était remis à pleurer, elle le berça à son tour en murmurant un air villageois.

— Mais, s’écria-t-elle, il va falloir une nouvelle nourrice, comment ferons-nous ?

— Bah ! reprit la paysanne, il a déjà près de six mois et mange la soupe comme un petit homme… D’ailleurs vous trouverez bien dans le village une femme qui pourra l’allaiter.

Gertrude, fort embarrassée, consulta Fanchette qui était restée pour écouter et qui se tenait debout près de la cheminée.

— Dame ! dit froidement la servante, il y a la fille du vannier, qui a eu un malheur et qui…

— C’est bien ! interrompit Gertrude dont les joues s’empourprèrent, priez-la de passer à l’Abbatiale.

La fille du vannier vint, en effet, et le marché fut vite conclu. Elle s’engagea même à rester à l’Abbatiale pendant un mois ou deux, afin d’aider Gertrude. La femme du rémouleur prit congé le même soir, et la jeune fille se trouva seule avec l’orphelin auquel on avait improvisé