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a cessé de me voir, notre situation devient plus difficile et nous devons éviter les commérages… Soyons patients ; le 15 mai prochain je serai majeure et je pourrai disposer de moi-même… Ce jour-là nous nous prononcerons ouvertement, mais jusqu’à cette époque nous ferons bien de ne nous voir que rarement… Il faut être sage, mon Xavier !

Elle lui serra la main : il était devenu rêveur.

— Mais, dit-il, ce jour-là, selon toute apparence, tu seras l’unique héritière de l’oncle Renaudin ; tu seras riche… et j’aurai l’air d’un coureur de dot !

Elle se mit à rire.

— Si mon oncle avait fait la folie de déshériter sa sœur, je te jure que je n’accepterais rien, plutôt que de priver ma tante de sa part légitime… Ainsi, rassure-toi, orgueilleux gentilhomme ! ta dignité ne sera pas humiliée.

— Je dois, dit Xavier en lui tendant la main, m’absenter pendant une quinzaine pour aller poser des panneaux dans un château de la vallée de la Meuse ; je serai de retour de dimanche en quinze et j’irai te voir… D’ici là, pense à moi !

— Et toi, travaille bien !… Mon petit bouquet te parlera de moi… Il te donnera courage et patience.