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Tous deux résolurent tacitement d’ajourner toute explication, et se livrèrent sans arrière-pensée au bonheur de se revoir… Cet après-midi de février leur apparaissait comme un lac pur, sans une ride, sans une tache, et ils ne voulaient pour rien au monde troubler la calme et limpide surface sur laquelle ils glissaient ensemble.

Ils revinrent s’asseoir sur le petit banc adossé à l’établi et se remirent à causer du passé, tandis que le soleil souriait au dehors, que le poêle chantait mélodieusement, et que le tic-tac du coucou rythmait familièrement les rapides instants de leur bonheur. Ainsi s’écoulèrent les heures, et ils furent tout étonnés en relevant la tête, de voir que le soleil avait disparu et que l’ombre commençait à envahir l’atelier. Jusque-là ils avaient d’un commun accord évité de parler des derniers événements et des éventualités des semaines à venir. Il fallut bien cependant toucher aux choses actuelles.

— Quand nous reverrons-nous ? demanda Xavier à Gertrude qui se levait pour partir, ton cerbère me laissera-t-il jamais entrer à l’Abbatiale ?

Gertrude resta un moment pensive.

— Écoute, reprit-elle enfin, puisque ma tante