Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/179

Cette page n’a pas encore été corrigée


Il enfonça ses sombres regards dans les yeux profonds de la jeune fille qui s’arrêta et rougit… Après un moment de silence, elle reprit :

— Du reste, j’ai toujours eu confiance en ton talent. Chaque fois que je regardais le coffret que tu me donnas aux Islettes, je me sentais rassurée et j’avais bon espoir pour ton avenir.

— Tu l’as donc encore, ma première œuvre ?… demanda-t-il en riant.

— Certainement… J’ai pensé au coffret pendant toute ma maladie… Je m’imaginais l’avoir perdu… Heureusement les demoiselles Pêche me l’ont renvoyé…

Elle s’interrompit brusquement… Elle était sur le point de tout raconter à Xavier, puis au moment de commencer, elle sentit qu’elle n’oserait jamais. Il lui coûtait de gâter cette première heure de tendresse par des explications pénibles. Elle, si courageuse d’ordinaire, devint lâche en songeant que tout son bonheur à venir était suspendu aux conséquences d’un aveu qui serait peut-être mal compris. « Non, se dit-elle, pas encore aujourd’hui… Goûtons paisiblement cette première entrevue… La prochaine fois je lui dirai mon secret. »

Xavier, de son côté, avait été retenu par une timidité farouche et n’avait osé questionner Gertrude.