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sortant du cimetière : « Si quelqu’un m’accusait, ne me juge pas avant de m’avoir entendue. » — Oui, pensa-t-il, je veux avoir confiance, et j’attendrai qu’elle puisse s’expliquer. Mais en me faisant cette recommandation, elle prévoyait donc qu’on pourrait l’accuser ?…— Il avait beau lutter, les soupçons revenaient toujours, et son inquiétude grandissait. Il n’avait plus de goût pour le travail, passait la plupart de ses journées accoudé sur son établi, et ne reprenait un peu d’animation que le soir, à l’heure où il montait à l’Abbatiale pour avoir des nouvelles. La réponse que lui faisait l’inflexible Pitois variait peu et n’était guère encourageante. Cependant un matin de la fin de janvier, la figure du vieux garde parut moins farouche. « Il y a du mieux, » répondit-il à Xavier en refermant la porte plus doucement que d’habitude.

La fièvre en effet avait disparu, et Gertrude commençait à entrer en convalescence. Elle était encore très faible et ne pouvait se lever, mais sa tête était redevenue libre. Sa première pensée fut pour Xavier. « Comment doit-il me juger ? » se demandait-elle en soulevant sur l’oreiller, sa figure pâle comme une fleur de narcisse. Il lui tardait de le voir, et chaque