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Quand le fusil fut nettoyé, Gaspard releva la tête.

— Eh bien ! et ce souper ? demanda-t-il d’un ton bourru.

— J’attends le lait que Gertrude est allée chercher à la Louvière, répondit Honorine.

— Elle y met le temps, la cousine Gertrude ! grommela Gaspard ; au sortir du bois je l’ai vue de loin, trottant menu et sautillant de pierre en pierre, comme si le sable du chemin n’était pas digne de toucher ses pieds de princesse…. Elle se sera sans doute arrêtée à coqueter avec le fils du fermier.

Honorine haussa les épaules.

— Fi donc ! Gaspard, dit-elle, est-ce qu’une fille bien élevée fait attention à ces gens-là ?

Gaspard éclata de rire :

— Faute de grives on mange des merles, et il faut bien que vous vous contentiez du seul gibier qui soit à votre portée…. Toi-même, ma sœur, pourquoi uses-tu les œufs du poulailler à fabriquer du lait virginal, si ce n’est pour que la blancheur de ton teint éblouisse ces gens-là ?

— Des paysans ! fit Reine, et son minois chiffonné prit une expression dédaigneuse.

— Je ne parle pas pour toi, Reine, continua Gaspard, je connais tes goûts ; tu attends que