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Gaspard et ses sœurs avaient la même préoccupation, et tous hâtaient le pas, de telle sorte que Xavier et Gertrude restèrent seuls sur le chemin du cimetière. Xavier mit le bras de sa cousine sur le sien, et tous deux s’acheminèrent vers l’Abbatiale, en longeant les haies brillantes de gouttelettes argentées. La pluie avait cessé, et le soleil hasardait quelques pâles rayons entre deux nuées. Cette éclaircie suffit néanmoins pour égayer un peu l’austérité de la campagne environnante. Les prés jaunis et mouillés scintillaient ; les terres de labour les entouraient de leurs bruns et gras sillons où verdoyait le blé semé en octobre ; et tout au fond, les grandes futaies sombres fumaient à l’horizon.

Gertrude avait rejeté son voile en arrière, et Xavier admirait ses bandeaux semés de gouttes de pluie, ses yeux verts encore humides et ses joues d’un rose pâle :

— Tu m’aimes toujours, n’est-ce pas, Gertrude ? murmura-t-il brusquement.

La jeune fille releva vers lui ses yeux mélancoliques.

— Est-ce que tu as pu en douter, Xavier ?

— Non, mais tu es si belle et je me sens si indigne de toi, que parfois j’ai peur ;… je tremble que tu ne t’aperçoives de mon obscurité, que