Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/153

Cette page n’a pas encore été corrigée

installerons à l’Abbatiale, la maison est assez bien montée pour que l’installation soit peu coûteuse… Il est vrai qu’il faudra tout partager avec Gertrude ; mais elle est encore mineure, nous administrerons sa part, et puis… il y aurait peut-être moyen de tout arranger en la mariant à Gaspard… C’est un projet à mûrir et j’y réfléchirai…

Les porteurs avaient étendu le poêle sur la terre humide et les fossoyeurs faisaient glisser la bière dans la fosse. Les sanglots retentirent plus forts dans le groupe des femmes. Reine et Honorine y allaient de tout cœur ; tout en s’essuyant les yeux, elles pensaient à l’héritage, aux armoires pleines de linge, aux coffres pleins d’argenterie, et aux nouvelles perspectives que leur avaient ouvertes l’oncle Renaudin en partant pour l’autre monde. Reine se disait que le deuil d’un oncle ne se porte que trois mois, et songeait déjà aux robes de demi-deuil ; elle combinait des toilettes triomphantes pour conquérir le mari de ses rêves… « Tout cela sera trop beau pour Lachalade, pensait-elle, mais je déciderai ma mère à passer une saison aux eaux de Plombières… »

Gertrude, agenouillée sur la pierre d’une tombe, écoutait le bruit sourd de la bière et