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deux. Aussi l’église était-elle presque pleine, et quand on se dirigea vers le cimetière, plus de deux cents personnes formaient la procession de l’enterrement. Il pleuvait et l’on voyait deux longues files de parapluies trancher avec leurs couleurs crues sur les vêtements noirs des gens en deuil. « Les vivants n’aiment pas à être mouillés, » se dit philosophiquement Gaspard en considérant le cortège et en sentant la pluie sur sa tête nue.— Le convoi longeait de larges pièces de terre labourées, contiguës à l’Abbatiale et achetées l’année d’avant par le bonhomme Renaudin. Gaspard regardait cette bonne terre grasse et bien fumée ; d’un coup d’œil il arpentait le champ et supputait le nombre de verges… « Il n’aura pas eu le temps de voir son blé pousser ! » songeait-il, puis sa pensée distraite, suivant cette nouvelle pente, il se voyait lui, chassant le long des sillons, ayant Phanor à ses côtés et un bon fusil sous le bras. « J’achèterai un lefaucheux, se disait-il, et je ferai bâtir un chenil à l’Abbatiale… Car j’aurai une meute : deux bassets et deux vendéens pour le bois ; deux chiens d’arrêt pour tenir compagnie à Phanor, plus un épagneul pour le marais. J’affermerai la chasse du bois des Hauts-Bâtis, et alors on verra de belles parties et de beaux