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veille, un secret pesant que la mort de M. Renaudin venait d’y sceller à jamais. Ce pénible fardeau paralysait tout élan et arrêtait toute effusion.

Xavier s’élança vers elle et lui prit les mains :

— Chère Gertrude, dit-il, j’aurais voulu que notre réunion fût amenée par un moins lugubre événement.

— Moi aussi, murmura-t-elle en secouant la tête.

— Tes mains sont glacées, continua Xavier, et tu es toute pâle ?

Gertrude répondit avec embarras qu’elle avait été un peu souffrante dans les derniers temps.

— L’air de la campagne te fera du bien, poursuivit-il, tu reprendras tes couleurs, car tu ne retourneras plus à ton magasin… Te voilà riche maintenant, Gertrude !… Ma mère et toi, vous étiez les deux plus proches parentes de l’oncle Renaudin, et il n’y a pas apparence que le bonhomme ait déshérité sa famille.

Gertrude demeurait silencieuse.

— A-t-il beaucoup souffert pour mourir ? demanda-t-elle enfin.

— Non, il s’est éteint doucement… Quand ma mère a été appelée à l’Abbatiale, il venait de rendre le dernier soupir.