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Pêche que de l’ironie de sa voisine, elle rougit et promena autour d’elle ses beaux yeux surpris. Mais tous les regards semblaient éviter les siens, et toutes les têtes se penchaient plus attentivement sur les coiffures et les nœuds de ruban. Un silence profond régna dans l’atelier. Consternée et ne comprenant rien à ces façons étranges, Gertrude essayait en vain de se remettre à la besogne ; ces démonstrations inexplicables l’avaient frappée au cœur. Ses mains tremblaient, et elle parvenait à grand’peine à enfoncer son aiguille dans la soie. Deux mortelles heures se passèrent ainsi, puis midi sonna. Héloïse descendit majestueusement de son estrade, les apprenties déposèrent leur ouvrage et toutes s’en allèrent dîner. Gertrude, restée seule avec les demoiselles Pêche, se leva à son tour, et ses yeux, où roulaient des larmes, interrogèrent les deux vieilles filles qui se tenaient devant elle et se regardaient d’un air grave.

Le moment d’une explication était venu.

— Mademoiselle,… commença solennellement Hortense Pêche en quittant ses lunettes ; mais elle fut interrompue par son impétueuse sœur.

— Hortense, dit mademoiselle Célénie, laisse-moi d’abord poser une question à mademoiselle