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mademoiselle de Mauprié… D’ici là, Mesdemoiselles, je désire qu’on garde le silence, et je renverrai la première péronnelle dont la mauvaise langue tournera de travers !

Cette menace énergique mit un terme aux bavardages, mais n’empêcha nullement toutes ces cervelles féminines de travailler. Quand, le surlendemain, Gertrude entra dans l’atelier, tous les yeux épièrent ses moindres gestes. Les fillettes de la table ronde échangèrent des coups de coude significatifs et commentèrent en chuchotant la pâleur et l’air fatigué de la voyageuse. L’accueil fait à la jeune fille était trop froid pour qu’elle ne le remarquât pas ; il était si différent de celui qu’elle avait reçu jadis à son arrivée dans ce même atelier ! Le poêle de faïence bourdonnait pourtant encore comme autrefois, comme autrefois un clair soleil d’hiver, se glissant à travers les rideaux de mousseline, faisait miroiter les panneaux des armoires et chatoyer les vives couleurs des rubans et des fleurs artificielles ; seules, les figures penchées au-dessus des têtes de carton ne se déridaient pas. Toutes les bouches étaient pincées et tous les yeux baissés. Mademoiselle Hortense ne se leva pas pour baiser au front la nouvelle arrivante ; mademoiselle Célénie demeura muette et sembla