Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/131

Cette page n’a pas encore été corrigée

répliqua Héloïse piquée au vif, et je ne dis que ce que j’ai vu. Voici au surplus comment la chose est arrivée. Vous savez qu’hier j’ai été porter un chapeau à la diligence de Clermont ; je m’en revenais et j’étais déjà sous le porche, quand j’ai entendu dans le bureau une voix qui ne m’était pas inconnue… La personne qui parlait au facteur des messageries retenait une place pour le lendemain dans le courrier qui passe à Beauzée. J’aurais juré que c’était la voix de Gertrude, et pour m’en assurer, j’ai attendu sous le porche. La personne est sortie. C’était une femme dont la tête était enveloppée dans une capeline et dont la tournure ressemblait à celle de mademoiselle de Mauprié. Intriguée, j’ai voulu voir où elle allait, mais elle s’est aperçue, sans doute, que je la suivais ; elle a pris ses jambes à son cou et je l’ai perdue dans les petites ruelles qui montent à la Ville-Haute… J’ai voulu en avoir le cœur net, et ce soir, à l’heure du courrier, je suis allée me camper derrière la grande porte des messageries ; là j’ai vu, comme je vous vois, Gertrude revenir et monter en voiture, mais cette fois, elle n’était pas seule…

Héloïse fit une pause et poussa un long soupir. Toutes les têtes se tournèrent de son côté.

— Elle portait dans ses bras, continua-t-elle,