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et la pria de lui apporter l’enfant. Elle regarda le marmot de toute la force de ses yeux déjà voilés par l’agonie, puis elle dit :

— Promettez-moi de le porter vous-même à la nourrice… Pauvre petiot, je meurs trop tôt pour lui !… Je ne sais pas qui vous a poussée à me vouloir du bien, mais je vous en supplie, n’abandonnez pas mon enfant !… Si je m’en vais avec l’idée que vous aurez soin de lui, je mourrai tranquille.

Gertrude la rassura et lui promit de veiller elle-même sur l’orphelin.

— Merci, reprit Rose Finoël en cherchant la main de la jeune fille et en essayant de la serrer dans sa main glacée, vous êtes bonne, vous !… Je souhaite que vous ayez une vie heureuse. Moi, je n’ai eu que six mois de bon… le reste n’a été que fatigue et misère… un cauchemar après six mois de beaux rêves !… A cause de ce bon temps-là je pardonne à ceux qui m’ont mise au monde… Mais je suis lasse, bien lasse… Donnez-moi encore le petiot que je l’embrasse… Et maintenant adieu à tout !

Après une courte agonie, elle s’endormit du sommeil suprême…

Tandis que la vieille voisine veillait la morte, Gertrude courait au bureau de la voiture de