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s’était adoucie, et Gertrude, la voyant s’assoupir, se jeta sur le matelas préparé par la voisine. Elle s’endormit profondément et ne s’éveilla le lendemain matin qu’aux cris de l’enfant qui demandait à boire…

Trois jours après, au moment où Gertrude quittait son auberge pour se rendre chez Rose Finoël, le facteur lui apporta une lettre de l’oncle Renaudin. Le vieillard la priait de prendre soin de la mère et de mettre l’enfant en nourrice ; il lui indiquait en même temps l’adresse d’une femme de Beauzée, qui se chargerait volontiers du marmot et qui était déjà prévenue de sa prochaine arrivée ; enfin, il terminait en lui recommandant prudence et discrétion.— Le même jour, Gertrude, voyant Rose plus calme, lui parla de la nécessité de faire suivre à son enfant un régime plus salutaire et l’amena peu à peu à l’idée d’une séparation. La malade poussa un long soupir :

— Oui, vous avez raison, répondit-elle, il faut qu’une autre femme le nourrisse de son lait… Je ne veux pas qu’il souffre et je consens à tout… Laissez-le-moi seulement encore un jour ou deux. Je sens que je n’irai pas plus loin…

En effet, elle s’affaiblissait visiblement ; heure par heure, la vie abandonnait son corps épuisé. Le lendemain, vers le soir, elle appela Gertrude