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La figure de la malade reprit une expression de tristesse poignante.

— Celui-là est loin !… Et pourtant, murmura-t-elle d’un air sombre, nous étions mariés, mariés à l’église et à la mairie ;… mais la misère l’a effrayé… Il est parti, il y a deux mois, et je n’ai plus entendu parler de lui.

Elle regarda Gertrude qui fit un geste de surprise.

— Il ne faut pas lui en vouloir, s’écria-t-elle vivement, j’ai été bien heureuse avec lui dans les premiers temps !…

— Mais il vous a abandonnée, et c’est une lâcheté !

Rose Finoël haussa les épaules.

— Dans ma famille, c’est notre lot d’être abandonnées… Ma mère l’a été par son amant, moi, par mon mari… Je remercie le bon Dieu de m’avoir donné un garçon,… les filles sont trop malheureuses !…

Elle jeta un regard plus doux sur l’enfant endormi à son côté.

— Voyez-vous, reprit-elle, il ressemble à son père… Quoique Finoël m’ait laissée là, je ne peux pas lui en vouloir… Je l’aime toujours !… Nous avons été si heureux ensemble dans les commencements ! Nous autres, pauvres