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être là, car plus haut on ne distinguait aucune habitation, et les bois commençaient à une portée de fusil. Elle s’arrêta un moment pour considérer ce logis de pauvre apparence. Les murailles étaient faites de torchis et la toiture, trop lourde pour elles, les avait rendues toutes ventrues et menaçantes. A travers les volets clos de deux étroites fenêtres, une faible lueur indiquait que la maison était habitée. Gertrude gravit un escalier aux marches branlantes et prêta l’oreille. Il lui semblait entendre un bruit plaintif, mais le vent soufflait si fort dans la gorge de Polval, qu’elle ne pouvait distinguer si ce gémissement venait de l’intérieur ou du dehors. Elle frappa ; point de réponse. Elle appuya alors sa main contre la porte qui céda, et le vent la poussa pour ainsi dire dans le couloir obscur… Les gémissements partaient réellement de la chambre contiguë, dont une ligne lumineuse révélait l’entrée. C’étaient des pleurs de femme mêlés à des cris d’enfants, et cette double plainte remua si profondément Gertrude qu’elle oublia tout à coup sa peur. Elle ouvrit précipitamment la porte de la chambre et se trouva en face d’un spectacle navrant.

Une chandelle fumeuse, posée sur un poêle, sans feu, éclairait misérablement la pièce nue