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dès que j’aurai remis de l’argent à cette pauvre femme, ma tâche sera finie, et demain je pourrai rentrer chez mademoiselle Pêche. »

Elle descendit dans le faubourg, au Chêne-Vert, et résolut de monter à Polval sur-le-champ. En décembre la nuit vient vite ; dès quatre heures et demie, la jeune fille enveloppée dans sa mante et sa capeline put s’acheminer vers la maison de la femme Finoël. Du reste, le ciel était sombre, le froid piquant, et la neige qui tombait menue ôtait aux passants tout désir de curiosité. Tandis qu’elle gravissait la rampe déserte et resserrée entre deux coteaux de vignes, Gertrude se demandait, non sans une vague inquiétude, qui elle allait rencontrer dans cette maison isolée et comment elle y serait reçue. Elle n’était point peureuse, et à Lachalade elle avait l’habitude de sortir seule à toute heure et par tous les temps. Dans la circonstance, ce qui la rendait anxieuse, c’était le mystère même dont elle était obligée de s’entourer, c’était l’inconnu… Elle frissonnait en apercevant à travers l’obscurité les petites maisons à mine lugubre, adossées aux vignes, et noires sur le fond neigeux de la colline.

Encore quelques pas dans la neige et le vent, et elle atteignit le terme de son voyage. Ce devait