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leur. Elle fut un jour souffrante au point de garder la chambre.

— Bah ! ce ne sera rien, dit Héloïse à mademoiselle Célénie, qui s’en inquiétait ; elle s’écoute et se dorlote comme une princesse !

Cependant la mauvaise saison était revenue, et la vieille Scholastique avait rallumé le poêle de faïence. On avait recommencé à veiller dans l’atelier, et les demoiselles Pêche ne faisaient plus que de courtes apparitions à leur jardin des Saules, maintenant tout effeuillé et couvert de givre. Les dimanches se passaient à l’église. Parfois, après les vêpres, mademoiselle Célénie faisait faire à Gertrude un ou deux tours dans la rue de la Rochelle ; puis, ennuyée de l’attention trop persistante et des œillades des jeunes gens, elle la ramenait tambour battant au magasin, où son indignation s’exhalait à son aise contre l’impertinence de la jeunesse. Les journées s’écoulaient monotones, et les seules bonnes heures de Gertrude étaient celles où arrivaient les lettres de Xavier. Alors ses yeux brillaient, une vive teinte rose colorait ses joues pâlies et son cœur battait. Une seule chose gâtait son bonheur : l’excitation produite en elle par l’arrivée hebdomadaire du facteur n’avait pas échappé à Héloïse ; les grands yeux inquisiteurs