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fameuse déconvenue du mois de juin. Elle ne lui voulait pas de mal au fond, mais elle l’eût volontiers trouvée en faute, sauf à lui tendre ensuite la main pour la tirer du mauvais pas où elle l’aurait jetée. Elle l’épiait, commentait ses moindres mots et ses moindres démarches, et ne laissait jamais perdre une occasion de lui être désagréable.

Gertrude sentait cette antipathie toujours croissante, et une certaine anxiété commençait à s’emparer de son esprit. Elle aurait voulu s’enfuir, se soustraire à un danger vaguement pressenti, et en même temps elle se disait qu’elle était obligée de vivre attachée au magasin des demoiselles Pêche, qu’elle y resterait longtemps encore sans doute, que Xavier était loin et l’avenir incertain… Alors elle pleurait et s’effrayait. Ces larmes, ces agitations contenues, jointes à une vie renfermée et au défaut d’exercice, la rendirent souffrante. Elle pâlit, ses yeux se cernèrent et ses joues se creusèrent légèrement, le tout à la satisfaction de mademoiselle Héloïse, qui n’était pas fâchée de lui voir perdre la fraîcheur de son teint. Chaque fois qu’elle relevait la tête, elle trouvait les yeux noirs de la première ouvrière fixés sur sa figure, et étudiant curieusement les progrès de sa pâ