Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/100

Cette page n’a pas encore été corrigée

très humblement dans une longue épître à Gertrude.

Celle-ci non plus n’était pas heureuse. Outre qu’elle souffrait de l’absence de Xavier, elle se sentait de jour en jour plus isolée au milieu des modistes de B… Bien que les demoiselles Pêche se louassent fort de ses services, aucune intimité n’avait pu s’établir entre les patronnes et la nouvelle ouvrière. L’éducation et la culture d’esprit de Gertrude contrastaient trop avec les idées étroites et les manières communes de ces bonnes filles. Mademoiselle Hortense, qui était plus fine que sa sœur, se rendait vaguement compte de la supériorité de Gertrude, et cette seule pensée suffisait pour mettre une certaine gêne dans leurs relations. Mademoiselle Célénie, plus ronde et moins susceptible, aurait fort bien passé sur les minuties qui froissaient son aînée ; mais ce qui l’offusquait, c’était l’effet trop vite produit par Gertrude sur la partie masculine de la société de B… La grande Héloïse n’épargnait rien, du reste, pour exciter la susceptibilité des deux sœurs et pour ruiner petit à petit la faveur de sa rivale. Héloïse n’était pas méchante, mais elle n’était pas non plus magnanime. Elle ne pouvait pardonner à Gertrude ses succès, ses manières distinguées, et surtout la