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cheveux plats étaient encore d’un noir luisant, son visage rasé laissait voir l’ossature puissante de ses mâchoires massives ; une cicatrice transversale couturait l’une de ses joues, et, sous d’épais sourcils qui se rejoignaient, des yeux couleur café illuminaient son teint olivâtre. Le regard avait de temps à autre un éclat pareil au feu qui allume les prunelles d’un chat sauvage, mais la bouche aux grosses lèvres gourmandes exprimait la bonhomie. Don Palomino était, en effet, bonhomme à ses heures, fumant des cigarettes du matin au soir et jouant supérieurement des castagnettes. Au bout de peu de jours, il me prit en affection, nous devînmes une paire d’amis, et il se mit en tête de m’apprendre l’espagnol, afin d’avoir quelqu’un à qui parler. À treize ans, quand on est doué d’une bonne mémoire, on apprend vite, et, grâce à la méthode de l’abbé Palacios, je fis de rapides progrès. Six mois après, je possédais assez bien le castillan pour lire les livres peu nombreux qui composaient la bibliothèque de don Palomino et pour comprendre les verbeux récits de l’ancien guerillero, qui aimait fort à raconter ses exploits. Dès que la différence des langues ne mit plus