était violemment oppressé et il délirait, les yeux grands ouverts. Il ne reconnut pas son compatriote, et celui-ci se retira après ravoir chaudement recommandé aux soins de la sœur infirmière.
Comme Yvert franchissait mélancoliquement la grille de la maison centrale, il entendit derrière lui une voix féminine qui l’interpellait : « Monsieur ! » Il se retourna et aperçut une fillette d’une quinzaine d’années, nu-tête, vêtue d’une robe d’indienne trop courte et chaussée de gros brodequins blancs de poussière.
— Excusez ! fit-elle en le dévisageant avec ses grands yeux noirs, est-ce que vous êtes un des messieurs de la prison ?
— Non, ma petite, répondit-il. Pourquoi ?
— Ah ! soupira-t-elle d’un air tristement déçu ; puis, s’enhardissant, elle reprit : — À qui pourrais-je m’adresser pour avoir des nouvelles d’un prisonnier qui s’appelle Bigarreau ?
— Bigarreau ! s’écria Yvert étonné.
— Oui… un garçon qui s’était sauvé et qu’on a ramené hier… C’est chez nous qu’on l’a trouvé…